Paris, 11 décembre 1878, mercredi matin, 7 h. ½
Bonjour, mon toujours de plus en plus grand et toujours de plus en plus aimé. J’espère que mon bonjour te trouvera en bonnes dispositions de santé, d’esprit et de cœur comme tu l’étais hier. J’aborde tout de suite la question table puisque tu y reviens et que tu y insistes après les lamentables choses qu’elle a amenées entre nous avant-hier. Après l’affront de me l’avoir refusée, à moi, qui ne l’avais ni demandée ni désirée, je ne comprendrais pas l’affront de me l’imposer quand elle m’est devenue un objet de tristesse et de malheur. Tu ne le feras pas et d’ailleurs je ne m’y prêterai pas. Les cadeaux à [illis.] me semblent des vilénies déguisées ravalantes pour la générosité à former de celui qui les fait et pour celui qui les accepte. Je n’accepte pas. Cela ne m’empêche pas de penser avec une reconnaissance attendrie à l’initiative inopportune et imprudente de notre bien-aimé Paul Meurice qui a cru pouvoir disposer en ton nom et en ma faveur de ce cadeau luxueux, auquel tu ne m’as pas habituée et que je ne mérite pas. Qu’il en soit remercié et béni ainsi que toi. Lui, pour sa bonne intention, toi, pour ta sagesse. Vous avez eu raison tous les deux.
MVHP, MS, a9173
Transcription de Michèle Bertaux, avec Joëlle Roubine.