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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 29 oct[obre 18]78, mardi matin, 7 h.

Bonjour, mon grand bien-aimé. Comment as-tu passé la nuit ? Bien, n’est-ce pas ? Moi de même, très bien, et je n’ai presque pas perdu de sang [1]. D’ailleurs, ne suis-je pas bien armée, en guerre contre tous les maux, si tu m’aimes, puisque ton amour c’est ma vie même ? Donc, cher adoré, pas de souci ni pour toi ni pour moi de ce côté-là et acceptons gaiementa les bobos, d’où qu’ils nous viennent. Quant à moi, je suis résolue à ne pas me laisser déguerpir de ton cœur : « J’y suis, j’y reste », c’est ma seule manière de vivre longtemps et heureuse ; qu’en dis-tu ? C’est de cette THE QUESTION que tout dépend. Moi, je ne peux qu’écouter la réponse et laisser faire à Dieu tranquillement et passivement. C’est le plus sage, en somme. Je vais continuer de faire mes rangements de maison et de malles pour être prête à partir dès que tu le voudras. Je pense que nous aurons des nouvelles de Meurice aujourd’hui, nous disant où en est le déménagement de la rue de Clichy [2]. Le mieux serait de pouvoir attendre ici [3] qu’il fût achevé, mais le Sénat [4] le permettra-t-il ? Autre the question. Quelleb que soit la réponse, il faut nous tenir prêts à partir. C’est ce que je fais de mon côté. Fais-en autant du tien et aime-moi comme je t’aime.

Monsieur
Victor Hugo
Hauteville House

Syracuse
[Barnett et Pouchain]
Transcription de Gérard Pouchain

a) « gaiment ».
b) « quel ».

Notes

[1« Quant à moi, quoique souffrante en ce moment d’une perte de sang, je le [Victor Hugo] suivrai coûte que coûte […]. » (Lettre de Juliette Drouet à son neveu Louis Koch, 30 octobre 1878, Lettres familialesJuliette Drouet, p. 420.)

[2« Pour le moment, je tâche de faire trêve à mes poignants soucis pour ne m’occuper que du retour du cher et bien-aimé Maître dans son nouveau logis, avenue d’Eylau, en m’appliquant à lui épargner le plus possible les fatigues du voyage et les ennuis du déménagement. » (Lettre de Juliette Drouet à son neveu Louis Koch, 28 octobre 1878, Juliette Drouet – Lettres familiales, p. 418.)

[3Juliette Drouet et Victor Hugo vont quitter Guernesey le 9 novembre, et, le lendemain, ils seront de retour à Paris.

[4« Il importe que je sois au Sénat le vendredi 15. » (Lettre de Victor Hugo à Paul Meurice, 5 novembre 1878, OC, tome XV-XVI/2, p. 545.)

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