Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1848 > Février > 5

5 février [1848], samedi, 9 h. ½ du matin

Bonjour, mon Toto, bonjour, mon doux adoré, bonjour, santé, joie, gloire et bonheur à toi. Comment vas-tu ? Moi je vais bien je t’adore. Cela ne m’empêche pas de grogner après un sans soin comme vous qui laissez traîner dans les cendres des papiers non rayés. Cette nuit en cherchant la lettre de M. Letrône que, par parenthèse j’avais fourrée avec les vieilles lettres dans mon sac, j’ai trouvé parmi les cendres mouillées un petit papier écrit par toi. Je l’ai nettoyéa bien précieusement et je l’ai mis à sécher sur ma pelote. En supposant qu’il te soit inutile il ne le sera pas pour moi et je le mettrai avec tous les autres trésors de cette affaire-là. Je ne me suis couchée qu’assez tard. Je n’aurais pas pu dormir [sans] que je n’aie retrouvé la lettre de ce M. Letrône, non pour lui dont je me fiche supérieurement, mais pour toi, mon pauvre adoré, que cela aurait forcé d’en récrire une autre. Grâce à ma persévérance tu n’auras pas cette peine et j’en suis bien contente. Voilà.
Jour Toto, jour mon cher petit o. Je vous défends de répondre à Mlle Adélaïde. C’est bien assez de Bourel et d’Alphonsine [1] comme cela. Je ne veux pas que vous en ayez d’autres ce serait immoral. Vous en convenez vous-même. Maintenant baisez-moi s’il en reste et taisez-vous. C’EST TONIQUE [2] ! Voime, voime et les griffes aussi.

Juliette

MVH, 8042
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Michèle Bertaux

a) « netoyé ».


5 février [1848], samedi après-midi, 3 h. ½

Que dites-vous de ce temps marécageux, mon petit homme ? Quant à moi j’en dis : humidité, moisissure et rhumatisme. Je ne suis occupée depuis ce matin qu’à sécher, à éponger et à essuyer l’eau qui ruisselle partout chez moi. C’est une occupation peu amusante et dont je me passerais bien. Cependant comme il faut en passer par là pour arriver au mois de mai j’en prends mon parti le mieux que je peux.
J’ai reçu une lettre de Mme Luthereau, nous la lirons ensemble. Je viens de payer Duval qui n’était pas venu à l’échéance de son mois. C’est encore la bourse de Suzanne qui en a fait les frais. Je ne sors pas de là. Sans parler de tout mon arriéré, voirea même Jourdain à qui on redoit encore sur son mémoire d’il y a un an. Je t’y fais penser parce que tu as bien autre chose à te souvenir que cela. Du reste au fond cela m’est égal comme deux œufs, pourvu que tu m’aimes et que je te voie le plus possible je me fiche du reste et des autres choses. Cher petit homme voilà ma profession de foi. Si elle vous vexe j’en suis fâchée mais je ne peux rien y changer. Baisez-moi alors si vous l’aimez mieux et dans toute l’acception du mot. Je suis prête à tout essayer plutôt et vous verrez si c’est vrai.

Juliette

MVH, 8043
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Michèle Bertaux

a) « voir ».

Notes

[2Expression récurrente, à élucider.

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne