Paris, 5 avril [18]78, vendredi matin, 9 h.
Bonjour, vous, bonjour, toi, bonjour, mon grand petit homme, bonjour je t’adore. Maintenant que te voilà en vacances et qu’il fait beau, je demande à saupoudrer le tout d’un peu d’escampette sans préjudice de beaucoup de linge et d’un peu de tapis, sans vous commander et au respect que je vous dois. Vous voyez que le bain, le beau temps, le bonheur m’ont rendu la parole et que j’ai la plume bien pendue ce matin. J’espère que cela ne sera pas en pure perte et que vous ouvrirez les oreilles pour entendre, les yeux pour voir, les jambes pour courir et le cœur pour aimer… votre vieille Juju. Emmanuel Gonzalès a dû te remettre en catimini hier une lettre de Mlle Guinault pour te prier d’écrire à Bardoux en sa faveur, du moins c’est ce que dit une autre lettre d’elle venue tout à l’heure et que je te remettrai à ciel ouvert. En attendant je me borne à te la signaler et à te tirer une forte révérence avec tous les compliments de la saison, comme on dit à Guernesey.
BnF, Mss, NAF, 16399, f. 92
Transcription de Chantal Brière