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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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8 septembre [1847], mercredi matin, 7 h. ½

Bonjour, mon Victor aimé, bonjour, mon cher petit homme, bonjour le père et le fils et toute la chère famille. Qu’est ce que vous me donnerez pour me rabibocher de ma culotte et de mes vacances ? Combien m’achèterez-vous MON MANUSCRIT ? Est-ce que vous croyez que je vous le donnerai pour rien ? Merci, à l’œil ce serait trop bon marché. Je veux bien que vous fassiez beaucoup de bénéfice sur moi mais je veux cependant tirer quelque chose de mon talent. Si vous ne me donnez rien, je garde mon chef-d’œuvre. Je suis lasse de dévouement à l’œil. Je veux être payée dorénavant. Je n’ai pas besoin d’enrichir les autres pendant que je m’appauvrisa. D’ailleurs c’est immoral et comme tel je ne dois pas m’y prêter plus longtemps. Je ne veux pas par ma faute renouvelerb de scandaleux procès à la Chambre des Pairs. Je m’y oppose au contraire et la preuve c’est que je veux être payée, payée, payée soit en argent, soit en or, soit en NATURE ayant cours à la Bourse et AILLEURS. Fichtre il est temps que je mette ordre à mes affaires si je ne veux pas que votre PASSIF dépasse mon ACTIF et qu’il ne puisse jamais le rattraperc. Vous êtes prévenu, c’est à vous de délier les cordons de votre MAGOT et de vous exécuter de bonne grâce. Je vous attends la bourse vide et le cœur plein.

Juliette

MVH, α 8998
Transcription de MVH, α 8999
Transcription de Michèle Bertaux assistée de Nicole Savy

a) « m’apauvris ».
b) « renouveller ».
c) « rattrapper ».


8 septembre [1847], mercredi après-midi, 2 h.

J’espère que le mieux en mieux se succède. Je n’ai pas voulu renvoyer Joséphine aujourd’hui dans cet espoir ; pourtant je ne serais pas fâchée que tu viennes me confirmer toi-même la chose. En attendant, je fais force de voile et de rame pour arriver à finir mon gribouillis aujourd’hui. Je veux pouvoir vous l’offrir entièrement fini et à beaux deniers comptant. Cependant j’ai beau me dépêcher, j’ai toujours des tas de triquemaques qui me gênent et qui me font perdre mon temps. Témoin aujourd’hui, jour de la blanchisseuse. Et puis il fait un froid de loup et cela me racornita au point de ne pouvoir pas faire un pas sans grelotter. Décidément les appartements au nord ne sont rien moins que chauds. Quand j’en changerai, je ne me laisserai pas séduire, fût-ceb même par un jardin, car je crois ce genre d’exposition très pernicieuse pour les rhumatismes et autres sciatiques.
Dites donc, vous, la première fois que vous me mettrez toutes vos paperasses au milieu de ma chambre vous aurez affaire à moi. On n’a pas idée d’un pareil galetas le matin quand je me lève. Si c’est là le profit que vous me donnez, vous pouvez le garder pour vous, homme généreux, car je n’en veux pas. Taisez-vous monstre et baisez-moi.

Juliette

MVH, α 8999
Transcription de Nicole Savy

a) « raccorni ».
b) « fusse ».

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