Guernesey, 22 janvier [18]68, mercredi matin, 8 h. ¼
C’est bien la peine que je sois à mon poste depuis une demi-heurea pour ne pas te voir. Enfin je sais que tu es levé, c’est déjà quelque chose. Mais cela ne me suffit pas car je voudrais encore savoir si tu as passé une bonne nuit, comme moi. En attendant que tu me renseignesb à ce sujet, je crois que tu as trouvé la meilleure solution dans l’intérêt de la santé de ta chère femme et celui de ta tranquillité et de votre bonheur à tous [1]. Quant à moi, je suis prête à tout faire pour cet heureux résultat. Mais jusqu’à ce que tu te décides à aller à Bruxelles, tu feras bien de n’en laisser rien soupçonner à personne ici pour éviter les tracasseries des espérances ou des déceptions. Quant à moi, pourvu que j’en sois avertie quinze jours d’avance, cela me suffit pour mettre ma maison en état de se passer de soins pendant six mois ou un an, la serre exceptée, bien entendu. Au reste, je subordonne tout à ta volonté. Qu’elle soit faite comme celle de Dieu puisque c’est à travers toi que je l’adore.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 21
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « une demie heure ».
b) « tu me renseigne ».