Guernesey, 2 juin 1856, lundi midi
Je serais bien contente si cette maison [1] pouvait nous convenir, mon cher petit homme, parce que tout ce qui me rapproche de toi m’enlève une montagne d’isolement et d’ennui de sur le cœur ; mais, entre nous, je doute que le hasard me soit aussi favorable qu’à toi, même toute proportion gardée entre nos deux personnalités. Je ne m’en fais pas du reste une question de vie ou de mort et je te prie de ne pas y mettre la moindre complaisance pour peu que tu y voies le moindre inconvénient pour toi ou pour moi. Je viens de recevoir une lettre de Guay qui me mande la soumission et la rente du bonhomme Durand, lequel n’est pas allé les voir avant de partir ; celle du PRÉFET Rondeau, comme il l’appelleb, et sa rentrée [2] ; puis enfin la soumission du père Bourachot lequel attend avec impatience sa permission de rentrée. Toutes ces soumissions et toutes ces rentrées n’ont pas l’air de le tenter ce que je comprends de reste. Maintenant, mon cher petit homme, embrassons-nous et que cela NE FINISSE PAS. J’ai un mal de tête STERLINGUE mais comme c’est ma faute, c’est ma faute, c’est ma très grande faute, je n’ai pas le droit de me plaindre et je ne me plains pas, au contraire, à preuve que je ris comme un veau.
Juliette
BnF, Mss, NAF, 16377, f. 163
Transcription de Chantal Brière
[Massin]
a) « Gay ».
b) « appèle ».