Guernesey, 18 mars 1856, mardi matin, 10 h.
Bonjour mon bon petit homme, bonjour cher bien-aimé, bonjour. Je voudrais bien ne pas te parler de moi ce matin parce que le sujet n’en esta pas très amusant et que rien n’est plus fatigantb à la longue qu’une complainte diafoirique [1] fût-elle illustre comme l’exemplaire d’Asplet [2]. Donc, mon cher petit homme, je vais essayer de vous parler de tout et d’autre chose que de moi. D’abord : N’OUBLIEZ PAS D’APPORTER VOS SOULIERS si vous voulez que la perfide ALBIONNE vous les ressoude demain de ses blanches mains pour aller sur les chemins comme un gamin trop inhumain aux joues des belles faire monter carmin, hein ! [3] En attendant je vous recommande de ne pas peler de trop près la peau de Mme Duverdier Orange si vous ne voulez pas que votre propre épiderme ne soit griffé de très près. Donc on est bête et même féroce ou on ne l’est pas et JE LA SUIS [4] même que j’enfume comme un volcan ou comme la BOUFFARDE [5] à Charles. MÉFIEZ-VOUS. Sur ce je vous embrasse depuis le haut jusqu’en bas et je vous aime et non imitabile fulmen ere et… [6]
Juju
BnF, Mss, NAF, 16377, f. 92
Transcription d’Élodie Congar assistée de Chantal Brière
a) « n’est ».
b) « fatiguant ».