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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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8 octobre [1838], lundi matin, 10 h. ¼

Bonjour mon petit homme chéri, que je vous aime donc mon Dieu et que vous méritez bien de l’être. J’ai joliment bien fait de vous retenir de force à coucher cette nuit, ça nous a fièrement réussi. Je vous attends à déjeuner c’est comme deux [jours  ?] de bonheur. Aussi je suis heureuse ce matin, bien heureuse. Je vous paie mon arriéré d’hier afin que vous ne soyez pas après moi comme un happe-[illis.]. Qui est-ce qui est [COLLE ?] c’est Toto. Ça m’est bien égal... Les Toto sont bien I, vous permettez donc mon grand Toto qu’on rie avec vous ? Vous êtes bien bon et bien adoré et vous avez bien raison d’être comme vous êtes puisque ça vous fait le plus beau et le meilleur des hommes.
Voilà ma pauvre Claire partie, j’en suis presque triste parce que je n’auraia plus personne à qui parler de toi. C’est ma seule consolation quand tu n’es pas avec moi. Je n’ai pas d’autre pensée, pas d’autre conversation. Tu es tout.

Midi ¼

Je reprends ma lettre, mon amour, où je l’avais laissée, il n’y a jamais de solution de continuité dans mon cœur. Je t’aime toujours et sans cesse. On vient de retrouver la clef de ma montre mais en revanche je viens de me pincer le doigt dans une porte d’une manière hideuse. J’ai cru que le cœur me manquerait oh là oh là oh là oh là oh là oh là oh là oh là oh là. Si Claire avait été ici elle aurait pu faire sa petite gamme dans tous les tons car je m’ai fait bien du mal... points suspensifs, ce qui veut dire je suspends ma douleur pour vous parler de mon amour : j’espère que c’est d’un fameux STYLE et du meilleur, voilà comment je profite de vos leçons. Maintenant trouvez-moi une femme de cette force là je l’irais dire à [vous  ?]. Je viens de faire votre tisane, maintenant je vais écrire mon [illis.], après je ferai mon lavage depuis la tête jusqu’aux pieds. J’aime mon Toto j’aime mon Toto j’aime mon Toto. C’est moi qui aurai le manchon ou rien. Je vous aime et je veux vous aimer toujours.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16336, f. 23-24
Transcription d’Élise Capéran assistée de Florence Naugrette

a) « n’aurais ».


8 octobre [1838], lundi soir, 10 h. ½

Mon cher petit bien aimé, je n’ai pas pris de bain et vous n’êtes pas venu. Je ne vous soupçonne pas de mensonge mais cependant j’ai une furieuse idée que vous êtes à Boulogne [1], je ne vous en voudrai pas si cela est, seulement je regretterai d’être là, rue Sainte-Anastase quand votre personne et votre pensée sont à Boulogne non sur mer. Je suis bien fatiguée mon adoré, je vais me coucher mais si le bonheur voulait que tu n’eusses pas soupé quand tu viendras je me relèverai avec joie et je te servirai à genoux. Je vous ai gardé à tout événement de la boustifaille très bonne.

BnF, Mss, NAF 16336, f. 25
Transcription d’Élise Capéran assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Hugo a installé sa femme et ses enfants en villégiature à l’entrée de la Grande-Rue de Boulogne depuis le 17 août.

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