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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 4 octobre 1857, dimanche soir, 5 h.

Je vous succède avec aplomb, mon cher petit homme, et je brandis votre mauvaise plume avec un courage digne d’un meilleur STYLE, mais rien ne saurait m’arrêter une fois que j’ai pris la restitus aux dents. C’est que je vous aime à tout crin et que je ne crains pas d’épater mon amour les quatre fers en l’air. Les Marquanda avaient vu votre chapeau et savaient que vous étiez dans la maison, aussi lorsque Suzanne est venue chercher votre serviette j’ai dû vous prier de monter pour ne pas désobliger ces bonnes petites gens qui vous aiment et qui vous admirent presque comme un dieu. Maintenant si j’ai mal fait punissez-moi, j’y consens pourvu que ce soit avec un bon gros baiser à cinq branches. En attendant je vous trouve bien imprudent de prendre un bain par ce temps pluvieux et frileux, vous qui étiez déjà tout grelottant tout à l’heure. Mais la rage du chiffre [1] l’emporte chez vous sur la raison et vous aimeriez mieux crever que de manquer un bain de plus. Vous voilà, cher petit marsouin, vite réchauffez-vous car vous en avez besoin et aimez-moi car cela m’est plus nécessaire que le pain que je mange, que l’air que je respire, que la vie tout entière.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16378, f. 190-191
Transcription de Chantal Brière

a) « Les Marquands ».

Notes

[1Hugo tenait une comptabilité précise de ses bains de mer qu’il consignait dans ses agendas.

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