Guernesey, 13 janvier 1857, mardi après-midi, 2 h.
Voici enfin quelque chose qui ressemble à des nouvelles de mon album quoique je sois loin de le tenir. Pour cela, mon cher petit homme, il faudra que tu prennes un nouveau parti pour tes étoffes d’or et d’argent car il n’y en a plus chez les marchands de pareilles aux échantillons envoyés en vente. Les nouveaux échantillons qu’on t’envoiea sont un peu plus chers mais me paraissent plus beaux. Du reste tu en jugeras et tu en décideras toi-même. En attendant mon album en reste là à voir tourner son ombre à ses pieds et moi celle de mon nez qui s’allonge de toute la longueur de ces retards indéfinis. Tu as probablement reçu une lettre de Mme Bertaut car dans celle qu’elle m’écrit il n’y a rien à toi adressé spécialement, ce qui prouve qu’elle s’est réservé le plaisir de te remercier directement, ce qui est tout simple. J’ai vu Mme Florence qui m’a annoncé que le moribond QUESNARD ne pourrait pas avoir l’honneur de dîner chez moi demain. Quant à elle, la pauvre petite femme, elle est sérieusement enrhumée, ce qui oblige de plus en plus le susdit et de plus en plus QUESNARD à la soigner jour et nuit, dût-elle crever à la peine. Telles sont les nouvelles de cette RELEVÉE. Voyons à présent les vôtres si vous avez pour deux liards de loyauté et de franchise.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16378, f. 11
Transcription de Chantal Brière
a) « envoient ».