Paris, 28 novembre [18]73, vendredi midi
Je ne sais pas à quoi passenta mes matinées tous les jours, mon cher bien-aimé, mais c’est à grand-peine que j’arrive à finir mon remue-ménage pour midi. Aujourd’hui pourtant, j’y suis parvenue, parce que je pense qu’il entre dans ton plan de faire profiter tes petits enfants du beau soleil aussitôt après notre déjeuner et que je tiens à ne pas te retarder. Malheureusement, je crains de ne pouvoir pas marcher longtemps, parce que mes pieds refusent le service ; mais si nous sommes forcés de prendre une voiture, on pourrait aller à Saint-Mandé où j’ai besoin d’aller depuis longtemps [1]. Il va sans dire que tu seras juge de l’opportunité de cette excursion aujourd’hui. En attendant, je fais prendre un temps le galop à mes pattes de mouche pour faire arriver ma restitus à destination avec tout son bagage d’amour, de tendresse, de vénération, d’admiration et d’adoration. Frais de transport : ton cœur. Libre à vous de refuser le colis, mais je crois que vous y perdriez car je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16394, f. 332
Transcription de Manon Da Costa assistée de Florence Naugrette
a) « passe ».