5 mai [1836], jeudi matin, 10 h ¾
Bonjour, mon cher bien-aimé. Comment vas-tu, comment as-tu passé la nuit ? Moi, j’ai assez bien dormi, et n’était le vilain temps, je crois que j’irais tout à fait bien.
Quel charmant projet tu as fait hier, et comme nous serions bien avisés de le mettre à exécution. Cependant, mon cher adoré, il va sans dire que si les moyens te manquent, je suis toute résignée d’avance à notre mauvaise fortune, sachant bien tous les efforts que tu auras faitsa pour la conjurer.
Cher petit homme chéri, je t’aime. Si tu savais combien ma pensée est toute à toi, combien mon sang, ma vie, mon âme, mon souffleb sont à toi, tu ne t’étonnerais pas de l’insatiable besoin que j’ai de te voir, de te respirer, de t’adorer et de te contempler.
Bonjour mon cher petit bijou. J’ai rêvé de vous toute la nuit. J’ai été fort agitée, comme à l’ordinaire et de plus fort malheureuse car dans mes rêves tu ne m’aimais pas, heureusement que : tous songesc sont mensonges. Sans ce proverbe je serais encore bien plus à plaindre ce matin que cette nuit. Mais tu m’aimes, n’est-ce pas, tu m’aimes ? J’ai ta bonne petite lettre qui me répond : OUI ! Je suis heureuse, je suis confiante. Je t’attends avec amour, sinond avec patience et je te couvre de baisers des pieds à la tête.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16327, f. 17-18
Transcription d’Isabelle Korda assistée de Florence Naugrette
a) « fait ».
b) « soufle ».
c) « tous sont songes ».
d) « si non ».