Paris, 4 avril [18]77, mercredi, midi ¾
Je n’ai garde, mon grand adoré, de refuser la charmante proposition que tu me fais de sortir avec toi aujourd’hui et je me suis mise sous les armes séance tenante, prête à profiter du beau temps qu’il fait en ce moment. J’espère que, outre le bonheur que je retirerai de cette promenade désirée depuis si longtemps, ma santé générale s’en ressentira et que j’en reviendrai un peu plus gaillarde qu’auparavant. Il faudra que tu penses à préparer du travail pour Lesclide avant de sortir [1]. Il faudra aussi que tu me donnes le nom exact de ton nouveau convive de ce soir afin que je l’écrive. Seulement, je te fais remarquer que nous serons quinze à table ce soir et que ce sera bien gênant. Quatre Paul Meurice, cinq Lefèvre, Vacquerie, Paul Foucher et nous, cela fait quatorze, plus M. ***. Du diable si je sais comment nous nous en tirerons. Enfin, à la guerre comme à la guerre ; l’essentiel est d’accepter ce qu’on ne peut empêcher. Quant à moi, je suis décidée, quoi qu’il arrive, d’être de belle humeur et très heureuse de te sourire et de t’adorer.
BnF, Mss, NAF 16398, f. 95
Transcription de Guy Rosa