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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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25 mai 1854

Jersey, 25 mai 1854, jeudi midi

Bonjour, mon pauvre petit souffrant, bonjour, mon tant doux adoré, bonjour. Comment va ta gorge aujourd’hui par cet affreux temps froid et pluvieux ? Il faudrait, mon pauvre petit homme, que tu penses à te garantir de ces fréquents et brusques changements de température, chose bien difficile pour ne pas dire impossible avec ton travail incessant. Malheureusement je ne [puis  ?] pas te suppléer dans le soin de ta chère et précieuse santé, ce qui est mon souci le plus vif et le plus inquiétant. Dans ce moment-ci même tu aurais besoin d’être auprès d’un bon feu à l’abri de toute humidité. Dieu sait où tu es et ce que tu fais de tout à fait contraire à ta pauvre gorge. Tout cela est triste pour moi dont tu es la joie, le bonheur et la vie. Je sens que je devrais au moins t’épargner toutes ces plaintes impuissantes et te faire oublier tous les inconvénients de ta situation au lieu de te les rappeler mais je ne sais pas me contraindre vis à vis [de] toi et il faut bon gré mal gré que je te dise tout ce qui me tient au cœur d’une façon ou de l’autre. À preuve que je te répète depuis plus de vingt ans la même phrase sans changer une seule lettre : mon cher petit Toto, je t’adore et pourtant je trouve moyen d’y fourrer tout mon cœur et toute mon âme. Qu’on dise après que je n’ai pas résolu le fameux problème du contenu plus grand que le contenant. Telle est ma force algébrique, barométrique et trigonométrique sans parler de la trique que je manie assez bien (voir pour les renseignements chez le père Collet [1]). Maintenant, mon cher petit homme, tâchez de venir vous sécher auprès de moi le plus tôt possible. Je vous attends avec feu et flamme.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16375, f. 201-202
Transcription de Chantal Brière

Notes

[1Le père Collet battait sa femme.

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