Paris, 27 avril 1880, mardi matin, 11 h. ¾
Qu’est-ce qu’il faudrait donc faire, mon grand adoré, pour te donner un bon sommeil doux et régulier toutes les nuits ? Je voudrais le savoir, dussé-jea en faire tous les frais, et coûte que coûte. Malheureusement Dieu seul sait le secret et c’est lui que je prie avec toute la pieuse foi que j’ai en lui. J’espère qu’il finira par m’exaucer et que tu dormiras mieux la nuit prochaine et toutes celles qui suivront. En attendant, je vais installer notre tête-à-tête à déjeuner ce matin auprès de mon feu, car il fait très froid aujourd’hui. Je me suis assurée que je n’ai pas la lettre de Barbou [1]. Je t’ai laissé aussi tout à l’heure celle de Manuel avec la pensée qu’en la lisant toi-même tu seras plus portéb à lui donner ta voix qu’à Bornier et Manuel auraient été en concurrence pour remplacer Jules Favre dans le fauteuil 5 de l’Académie française. ]]. Mais puisque te voilà, je rengaine mon gribouillis que je boucle par toutes les attaches de mon amour profond et sans borne, comme l’infini et l’éternité.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16401, f. 112
Transcription de Blandine Bourdy et Claire Josselin
a) « dussai-je ».
b) « portée ».