Paris, 20 avril 1880, mardi midi
Cœur toujours en avance, mais restitus trop souvent en retard, tel est encore mon cas aujourd’hui, mon grand petit homme, la faute en est au Sénat qui m’oblige à faire tenir dans une matinée tout le tintouina du ménage de la journée. J’espère que tu m’as tenu parole en dormant toute la nuit comme une soupe [1]. Moi, je n’ai pas beaucoup à me vanter de mon sommeil qui s’est passé en ronronnage plutôt qu’en vrai somme. Et qui ne m’empêche pas d’être très crâne [2] ce matin et très GEAIE. Le citoyen Barbou voulait absolument te voir ce matin, mais je lui ai fait dire de revenir à l’heure de ton déjeuner. Peut-être est-il déjà là. Autre guitare, je vais te porter mon livre car c’est aujourd’hui jour d’argent pour la maison, excusez du peu, ça n’est pas de ma faute. Tant pis pour tes héritiers. Moi je t’adore je ne peux pas faire mieux.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16401, f. 106
Transcription de Blandine Bourdy et Claire Josselin
a) « tintouint ».