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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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12 décembre [1848], mardi

Je voudrais bien être aimable, mon Toto, pour te plaire et pour t’attirer à moi. Malheureusement, je ne sais que t’aimer, ce qui est tout le contraire. Cette funeste manie redouble ma tristesse et ma jalousie et fait de moi la femme la plus maussade et la plus insupportable qui se puisse trouver. Mon amour est un cercle vicieux qui entoure et enserre toute ma vie sans y laisser rien pénétrera des plaisirs et des joies de ce monde. Aussi, je n’ai rien à t’offrir que tu ne connaisses depuis seize ans et sur lequel tu ne sois pas [la base  ?] Je suis découragée et triste car je ne vois pas comment me tirer de cette position humiliante et douloureuse. Toi seul pourraisb m’aider à redevenir une Juju heureuse et aimée, mais tu es occupé ailleurs et d’autres choses et tu ne trouves pas maintenant que cela en vaille beaucoup la peine. De tout cela il résulte que je m’enfonce de plus en plus dans la maussaderie et dans le regret de mon bonheur passé et que je deviens de jour en jour plus découragée et plus chagrine. Tout cela n’est pas bien drôle ni bien aimable à dire et à répéter, mais je ne peux pas m’en empêcher parce que je t’aime trop, parce que je souffre, parce que je t’adore, parce que je suis horriblement jalouse.

Juliette

Leeds, BC MS 19c, Drouet/1848/138
Transcription de Joëlle Roubine

a) « pénétré ».
b) « pourrait ».

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