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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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6 novembre [1845], jeudi matin, 9 h. ½

Bonjour, mon aimé, bonjour, mon adoré, bonjour, mon petit Toto ravissant, bonjour, je t’aime. Je pense que tu vas être bien occupé pour le départ de ton Charlot surtout si c’est aujourd’hui qu’il s’en va [1]. Ce pauvre cher enfant, je le voudrais déjà revenu et VAINQUEUR. Ce sera une si grande joie pour toute la famille s’il réussit que je voudrais déjà que ce fût fait. Je prierai bien le bon Dieu pour lui d’ici là.
Quel temps charmant, mon Victor adoré, et quel bonheur ce serait pour moi que d’en profiter avec toi en plein air et en pleine liberté. Chaque fois que je vois un rayon de soleil, je regrette de ne pas le partager avec toi. Chaque fois qu’il pleut ou qu’il fait froid, je regrette de ne pas t’avoir auprès de moi pour t’abriter, pour te réchauffer et pour te dorlotera. Enfin, quels que soientb le temps et la saison, je te regrette, je te désire et je t’aime de toutes les forces de mon âme.
Je vais écrire à la mère Sauvageot pour tes affaires. Il faut encore le temps de les faire et je ne veux pas que tu sois sans caleçonc de flanelle à l’entrée de l’hiver. Si tu pouvais penser à apporter un de ces fauteuils à la maison, Eulalie le verrait et nous dirait tout de suite si elle peut le faire avec plus d’avantagesd que l’entrepreneuse en question. Pauvre adoré, c’est te demander bien des choses dans un moment où ton esprit et ton cœur sont si occupés. Pardonne-moi, je t’aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16361, f. 125-126
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « te dorlotter ».
b) « quelque soit ».
c) « calçon ».
d) « plus davantage ».


6 novembre [1845], jeudi après-midi, 4 h.

Puisque tu ne viens pas à moi, mon bien-aimé, il faut bien que j’aille à toi comme Mahomet allait à sa montagne. Je crois que tu es très occupé, mon doux bien-aimé, pour ton fils et pour ton travail. Aussi je n’espère pas te voir avant ce soir. Je tâche de trouver le temps moins long en m’occupant sans cesse de toi ; je n’y réussis pas beaucoup mais enfin je fais preuve de bonne volonté.
Le temps s’est bien gâté depuis tantôt, ce qui n’est pas d’un bon augure, car c’est aujourd’hui le premier quartier de la lune. Cela me contrarierait pour toi qui ne peut pas vivre sans marcher et pour ce pauvre gamin qui doit se mettre en route [2]. Ce matin le soleil était magnifique. À qui se fier puisque le soleil lui-même vous fait faux-bonda ? Tâche de ne pas t’enrhumer et pense à te faire faire du feu dans la pièce où tu travailles, je n’ai pas besoin que tu sois malade, c’est une idée que j’ai comme ça. Cher petit homme bien aimé, je ne veux pas que tu aies froid et que tu souffres. C’est bien déjà trop d’être éloignéeb de toi presque toujours sans y joindre l’inquiétude de ta santé. Je veux que tu aies soin de toi et que tu m’aimes. Je veux que tu fassesc tous tes efforts pour venir tout à l’heure. Je veux être ta Juju bien aimée comme tu es mon Toto adoré. Enfin je veux TOUT.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16361, f. 127-128
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « faux bon ».
b) « éloigné ».
c) « tu fasse ».

Notes

[1Charles Hugo doit quitter Paris. La raison de son départ reste à élucider.

[2Charles Hugo doit quitter Paris.

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