Guernesey, 21 février 1860, mardi, 8 h. ½ du m[atin]
Bonjour, mon cher petit homme, bonjour et tout ce que tu désires avec, je t’aime. Je ne demande pas comment a été la répétition hier car je suppose qu’elle ne peut que gagner sous votre habile direction ni à quelle heure vous vous êtes couché car je le sais à peu près mais je voudrais être sûre que vous avez passé une bonne nuit et que votre digestion ne vous a plus tourmenté. À propos de cela je vous écris parmi tous vos propres pâtés pour ne pas perdre une seule parcelle de papier. Ce n’est pas même une économie de bout de chandelles ; mais, quelque petite qu’elle soit cela retarde toujours de quelques secondes le moment d’aller acheter du papier chez Barbet, chose qui m’agace presque autant que vous. Cependant il faudra bientôt prendre votre courage à deux jambes surtout pour acheter des plumes car le tronçon émoussé qui nous reste ne peut plus nous rendre de longs et utiles services. En attendant je vous griffouille toutes ces pauvres inepties et mes plus tendres caresses. Je t’aime mon Victor.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16381, f. 30
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette