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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 21 janvier 1859, vendredi, 9 h. du m[atin]

Bonjour, mon bien-aimé, bonjour, je t’aime. Nous nous sommes couchés au même moment hier au soir et j’en ai profité pour baiser des yeux et de l’âme ta chère petite silhouette que je voyais à travers tes vitres. J’espère que tu auras passé une bonne nuit, mon pauvre petit homme du bon Dieu. Cependant je n’en suis pas assez sûre car tu paraissais en proie hier à l’inspiration et c’est à grand peine si j’ai pu te faire manger ton orange comme dans un rêve et sans que tu en aies bien la conscience. Je rabâchea ma sollicitude et je t’en fais une scie qui te fatigue sans te rendre service. Je le sens et je ne peux pas m’en empêcher tant j’ai peur que tu ne finissesb par faire éclater la chaudière de ton génie. Pardonne-moi de n’avoir pas plus d’influence sur toi que celle de t’ennuyer et pas plus d’autorité sur ta chère vie qu’une pauvre mouche sur le coche qu’elle s’imagine conduire. Moi je n’ai pas tout à fait cette prétention mais je voudrais que mon bourdonnement incessant t’avertissec que tu fais des imprudences de travail que tu peux payer encore une fois beaucoup trop cher. Cher bien-aimé, je t’aime, je t’obsède, mais je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16380, f. 18
Transcription de Mélanie Leclère assistée de Florence Naugrette

a) « rabache ».
b) « finisse ».
c) « t’avertis ».

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