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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1835 > BnF, Mss, NAF 16323, f. 82-83

Lundi soir, 8 h. ½

Mon Victor bien-aimé, ma vie, ma joie, mon tout ! Ne souffre plus, ne sois plus triste, ne sois plus inquiet, car je t’aime, car je suis heureuse, car jamais ce qui t’a affligé hier au soir ne reparaîtra, jamais, jamais, entends-tu ? Jamais.
Depuis que nous nous aimons, je n’avais pas encore été aussi heureuse dans tes bras qu’aujourd’hui. Depuis que j’admire ta noble figure, elle ne m’avait pas encore paru si belle qu’aujourd’hui. Depuis le jour où je t’ai vu pour la première fois, je n’ai jamais mieux compris qu’aujourd’hui à quel point tu étais nécessaire à ma vie. D’aujourd’hui, je sais tout ce que tu vaux. D’aujourd’hui, je me suis donnée à toi pour cette vie et pour l’autre, pour le bonheur et pour le malheur, pour tout ce qu’il te plaira de faire de moi, vivante ou morte.
Mon bien-aimé, comprends-moi, aime-moi, pardonne-moi. Je t’aime tant, moi. Je te comprends si bien, je te suis si fidèle. Je n’ai aucun mérite à cela puisque tout vient de l’amour que j’ai pour toi. Et pourtant, je voudrais m’en faire un droit à ton amour et à ton estime parce que je ne peux pas vivre sans ces deux choses-là.
J’espère que j’arriverai à force de courage et de résignation à effacer mes deux vies passées, celle de la fatalité et celle de la calomnie. J’ai déjà beaucoup souffert dans cette intention, je suis prête à souffrir encore davantage. Toutes les souffrances qui existent, je les supporterai toutes pour arriver à ce résultat : ton estime.
Mon bien-aimé, ma vie, mon bien, ma joie, mon tout, mon amant.
Je suis à tes pieds, je me repens. Jamais je ne t’affligerai. Je t’aime, je t’adore, je suis folle à force d’amour.

Juliette

P. S. 10 h. ½
On dit que le cœur d’une femme se peint tout entier dans un post-scriptum, tu peux en juger par celui-ci : mon Victor, je t’aime. Mon Victor, je te désire. Mon Victor, je t’adore à genoux.

[Adresse]
À toi mon maître

BnF, Mss, NAF 16323, f. 82-83
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
[Souchon]

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