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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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28 septembre 1843

28 septembre, jeudi matin, 9 h. ¼

Est-ce que c’est bien vrai, mon adoré, ce que tu m’as dit hier au soir ? Je n’ose pas y croire encore dans la crainte d’être obligée de renoncer à ce bonheur, toujours trop désiré, et si peu attendu cette fois. L’inattendu rendrait le désappointement encore plus pénible si cela ne se réalisait pas. Je ne me livre qu’en tremblant à cette ravissante nouvelle. Je ne la prendrai avec sécurité et à pleins poumons que lorsque nous serons sur la grande route. En attendant, je fais tout pour que nous soyons prêts samedi. Je viens d’envoyer Suzanne chez la penaillon. Je vais faire faire un savonnage de mon choix tout à l’heure ? Certes ce n’est jamais moi qui serai en retard pour passer, avec toi, je ne dis pas quatre jours, ni quatre heures, ni quatre minutes mais quatre secondes. S’il avait fallu partir hier au soir, tout de suite j’aurais été prête et la plus heureuse des femmes. Être avec toi c’est la joie, c’est le paradis. N’y pas être c’est la tristesse et l’enfer.
On vient de m’apporter une lettre de Mme Krafft. Je ne l’ai pas ouverte, tu la verras tantôt. On dirait que le temps veut se remettre au beau. Le soleil se montre et le ciel est presque bleu. D’ailleurs où tu es le ciel est bleu. Cela ne m’inquiète donc pas autrement. Je suis heureuse, mon adoré, heureuse de l’espoir d’être avec toi. Cela ne te fâche pas n’est-ce pas ? Tu sais bien que tu es ma joie et ma vie. Baise-moi toi et souris-moi. Aime-moi où tu auras affaire à l’instrument [illis.] que tu vantais hier.
Est-ce que je ne te verrai pas un peu dans la journée ? J’ai plus que jamais besoin de te voir. La bonne nouvelle d’hier m’a ouvert l’appétit, j’ai faim et soif de toi. Tâche de venir, mon cher petit homme bien-aimé, tu seras bien caressé, bien fêté, bien baisé et bien adoré. Je vous dis que vous êtes mon Toto ainsi. Je vous prie de me réunir ce soir trois ou quatre de ces femmes. Vous verrez comme ça sera GENTIL. VOIME VOIME.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16352, f. 161-162
Transcription d’Olivia Paploray assistée de Florence Naugrette

a) « inatendu ».

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