Guernesey, 1er juillet 1860, dimanche matin, 7 h. ½
Bonjour, mon cher bien-aimé, bonjour dans le premier rayon de soleil du mois de juillet. Bonjour et bonheur à toi, mon adoré bien-aimé. Quelle ravissante aubaine pour moi que notre petit dîner improvisé d’hier. Ce genre de pique-nique est celui qui plaît le plus à mon cœur et je désirerais que l’occasion s’en représente souvent si je ne craignais pas que ce ne soit autant d’ennui et de privation pour tous les chers tiens que c’est d’espoir et de bonheur pour moi. Mais hier ce n’était pas de ma faute ni de la tienne et j’ai pu être heureuse sans remords et à l’abri de tout reproche [À TABLE ?] étant la seule coupable. Cela lui apprendra à ne pas me faire gagner et à ne pas finir plus tôt. En attendant, j’espère que tu as passé une bonne nuit, que tu te portes bien ce matin et que tu m’aimes. C’est avec cette chère espérance que je t’aime de toute mon âme et que je te baise.
BnF, Mss, NAF 16381, f. 171
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette