Guernesey 19a avril [18]70, mardi matin, 6 h.
Bonjour, mon cher grand bien-aimé, bonjour tout cœur et toutea âme dehors comme le beau bateau qui double en ce moment le château CORNET [1] toutes voiles au vent. Peut-être le regardes-tu passer en même temps que moi, ce qui double ma sympathie pour cet inconnu ailé qui s’en va à l’horizon. Puisse-t-il porter le bonheur là où il est attendu. J’espère que tu as, comme moi encore, passé une very good nuit. Je tombais de sommeil hier soir. Il est vrai que je m’éveille assez matin pour avoir cette excuse à dix heures du soir. Personne encore n’est levé chez moi et je fais tout mon possible pour ne pas troubler le sommeil de mes deux femmes. Je sais trop par moi-même combien il est bon de dormir quand on en a besoin. Je n’ouvrirai ma porte qu’à sept heures, à cause de Gore qui doit venir travailler ce matin à cette heure-là. L’été s’annonce merveilleusement bien et je crois que nous n’aurons rien perdu à attendre, pas plus le soleil que Petit Georges (autre soleil) ! À ce sujet je crois que tu ferais bien de commencer dès à présent les préparatifs pour la réception de ce cher Georges. Voilà ce que ma mouche bourdonne à ton coche. Je t’aime.
BnF, Mss, NAF 16391, f. 110
Transcription de Jean-Christophe Héricher assisté de Florence Naugrette
a) « 8 » corrigé.
b) « tout ».