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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 24 novembre 1860, samedi matin, 8 h. ½

Bonjour, mon doux bien-aimé, bonjour, que Dieu et mon âme soient avec toi et que le bonheur soit avec nous aujourd’hui et toujours dans des siècles et des siècles et toute l’éternité. J’espère que tu as passé une bonne nuit, mon adoré petit homme, et que tu te portes aussi bien que moi ce matin. S’il en était autrement je serais très malheureuse et je me hâterais de ficher ma santé à la porte pour lui apprendre à savoir mieux se partager entre nous deux une autre fois. Mais encore une fois j’espère que tu te portes comme un CHARME pendant que moi j’ai déjà une faim de LOUP et j’en suis bien heureuse. Sans compter que j’ai en perspective, en espoir, en désir, en ambition, en envie, en rage et tout un CABINET INDIA qui me fait venir la chair de poule rien que d’y penser. Quel bonheur de se promener d’avance à travers ses tiroirs et de marcher dans mon rêve étoilé [1] sur des nuages chinois contemplée moi-même par des HAURONS et des HAROUS de ces contrées chimériques [Dessina]. Tâchez de ne pas me faire attendre mon bonheur trop longtemps, mon cher petit homme ; quant à moi, je serai prête à l’heure que vous voudrez tant j’ai peur de manquer l’occasion. La seule supposition me fait frémir jusque dans mes profondeurs les plus profondes. Mais ô horreur quel pied de nez incommensurable et quelle mystification insondable si ce cabinet n’était qu’un vieux RAFFUT indigne du beau nom et de la qualité de bibelot. Oh ! Quelle [perplexité  ?] ! Oh quelle angoisse ! Oh quel ragnagna !

BnF, Mss, NAF 16381, f. 302
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette

a) Dessin :

© Bibliothèque Nationale de France

Notes

[1Citation de Ruy Blas, acte III, scène 4 : « Je marche vivant dans mon rêve étoilé ».

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