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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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1er novembre 1836

1er novembre [1836], mardi après-midi, 3 h. ¼

Mon cher petit homme bien aimé, je veux aussi bien commencer ce mois-ci que j’ai bien fini l’autre. Pour cela, je vous aime, je vous aime, mon petit Toto et je reconnais que vous êtes autant au-dessus de moi que Dieu est au-dessus de nous tous. Pour être encore plus digne de vous, j’ai travaillé comme un petit cheval, ce qui est plus vrai que vous ne pouvez le supposer tout d’abord, puisque j’ai employé pour cela un certain fouet de cabriolet que vous aviez déposé chez mon portier.
J’ai battu et rebattu mon tapis, comme vous auriez pu faire de ma personne. Aussi maintenant est-il superbe, ce que c’est pourtant…
[Illis.] a envoyé la lampe, nous verrons maintenant comment elle va aller.
Je suis [si] sale que je n’ose pas même vous baiser le bout de vos BAUTTES, je me prosterne donc dans la poussière de vos sacrés souliers, en attendant qu’une voie d’eau me lave et me rince suffisamment pour me permettre de me frotter à vous.
Dieu de Dieux, je trouve qu’il fait doux, et vous ? C’est l’instant des nez rouges et en ma qualité de femme à la mode j’en ai un des plus cramoisi. Quel dommage qu’il ne soit pas en ce moment abrité sous un chapeau de velours vert, on le prendrait pour un buisson d’écrevisses et moi pour une bête avec votre approbation.

>J.

BnF, Mss, NAF 16328, f. 96-97
Transcription de Claudia Cardona assistée de Florence Naugrette


1er novembre [1836], mardi soir, 5 h. ½

Mon cher petit homme, je n’ai pas encore allumé de feu, aussi je suis gelée jusque dans la moelle des os. Ce n’est pas que je manque d’un CERTAIN feu mais je ne peux guère me chauffer les pieds à ce foyer là.
Je vous aime mon petit Toto, si vous ne le savez pas, je vous l’apprends.
Je suis tourmentée quoique j’aie l’air de badiner, je voudrais savoir le résultat de ta démarche auprès de [E  ?]. Depuis que je sais qu’on me fait le triste honneur de me prendre pour OBSTACLE, je suis très inquiète et plus impatiente de connaître les suites de cette affaire que je ne le serais sans cela. Quel qu’en soit cependant le résultat nous pourrons nous rendre le témoignage, que nous avons tout fait pour qu’il soit bon.
Je pense que peut être aujourd’hui, jour de fête chez les morts, tu auras eu beaucoup de peine à rencontrer quelques vivants à qui parler de nos affaires.
Je voudrais que tu fusses déjà de retour, les deux pieds devant le feu, tes deux [mains] dans les miennes et tes yeux sur mes yeux. Et quelles que soient les nouvelles que tu m’apportes, tu ne trouveras que tendresse, que caresses qu’amour dans ta pauvre petite Cendrillon sans MARRAINE.
À bientôt mon amour, à bientôt ma joie.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16328, f. 98-99
Transcription de Claudia Cardona assistée de Florence Naugrette

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