Guernesey, 31 août 1860, vendredi, 4 h. après-midi
Tu vois par l’heure de ma restitus, mon cher petit bien-aimé, que j’ai commencé ma journée par le côté tracassier et ennuyeux de la vie au lieu de la commencer par le côté doux et charmant qui est de causer avec toi au saut du lit du bout du bec de ma plume. Mais quand je veux que certain nettoyagea et certain rangement soient faits chez moi il faut que je prêche d’exemple et encore ne suis-je pas toujours sûre d’entraîner Suzanne à ma suite ; toujours est-il que sans tenir compte de l’arrivée de Mme Vilain, j’ai fait un branle-bas sterling dans ma maison et je viens seulement d’en finir maintenant. Aussi ai-je manqué la visite de Vilain [1] et de sa femme tantôt et celle de Charles tout à l’heure. Pour les Vilain ce n’est que partie remise, quant à Charles qui n’avait qu’une chemise brodée à me demander, Suzanne lui a suffi de reste et je n’ai plus de chance de le voir qu’à la [illis.] où quelque chose de ma friperie pourra lui paraître utile. En attendant, j’espère te voir bientôt car il est déjà tard et les réjouissances doivent commencer de bonne heure ce soir chez toi. Je voudrais bien être débarrassée de mon mal de tête d’ici là car je souffre comme une bête que je suis. Je fais tout ce que je peux sans en venir à bout. Je crois que c’est une vraie migraine et qu’il faut me résigner à la subir dans toute son horreur. Heureusement, mon cher adoré, que tu te portes bien, que tu es heureux et que tu m’aimes presque autant que je t’adore. Aussi je ne me plains pas. à tout à l’heure mon bien-aimé.
BnF, Mss, NAF 16381, f. 228
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette
a) « netoyage ».