Paris, 2 juillet [18]72, mardi matin, 8 h.
Bonjour, mon grand bien-aimé, bonjour, sois béni et tes chers petits-enfants aussi. J’espère que tu as bien dormi. De mon côté j’ai bien dormi et cependant je suis encore très patraque ce matin. Ce que je ressens est, avec les mille petites douleurs qui me harcèlent, une fatigue sans fond que le sommeil éternel parviendra seul à calmer je crois [1]. En attendant je tiraille comme je peux la bourrettea de la vie que Petite Jeanne pousse si allègrement devant elle à [l’émulation ?] de son frère Petit Georges. Aujourd’hui nous avons pour hôtes les deux Flameng, les deux Burty, les deux Pelletan-Valade. Demain, les trois d’Althon-Shée. Jeudi les trois Catulle Mendès peut-être le jeune Louis [2]. Vendredi tous les Lucas et Timothée Trim, le Samedi Schœlcher, Peyrat, les trois Adam et probablement Louis Blanc et sa femme. Dimanche la tablée d’habitude il me semble, sauf meilleur avis, le tien, que tu devrais profiter de cela pour annoncer le renversement de ta marmiteb [3] jusqu’à ton retour. En supposant que ton départ soit reculé de quelques jours cela nous donnerait un peu de répit dont, pour ma part, j’ai le plus grand besoin. Qu’en dis-tu ? il ne faudrait pas parler de ta fête car en supposant que tu restesc jusque-là il n’y a place à table que pour tes amis du Rappel [4], tu le sais. À moins d’improviser une partie de guinguette à la campagne. En attendant ta réponse, je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16393, f. 189
Transcription de Bulle Prévost assistée de Florence Naugrette
a) « bourette ».
b) « marmitte ».
c) « reste ».