Guernesey, 3 juillet 1859. Dimanche. 8 h. ¾
Bonjour, mon cher bien-aimé, bonjour, ma joie bénie. J’espère que tu as bien dormi cette nuit et que tu te portes bien des pieds à la tête. J’en ai besoin pour ma propre santé et pour être très heureuse. Voici qu’il est bientôt neuf heures et je n’ai pas encore de feu allumé ; tu vois par ce détail que mon service n’est rien moins que régulier, sans compter que je n’ai pas d’eau Havelet [1] et qu’on ne doit pas en aller chercher le dimanche : cho quine [2] ! Toutes ces petites misères domestiques et de domestiques ne sont rien en comparaison de la plus petite affliction ou du plus léger bobo pour toi. Aussi, je m’en bats l’œil en pensant à ce soir. En attendant que nous pique-niquionsa de compagnie, je vous aime dans mon coin et je vous adore en conscience. Tâchez seulement d’en faire la moitié autant de votre côté et je me déclare satisfaite. Jusque là, je vous baise du tout au tout et je vous attends le cœur sur la mainb.
BnF, Mss, NAF 16380, f. 154
Transcription de Mélanie Leclère assistée de Florence Naugrette
a) « pique-nickions ».
b) La lettre se termine avec le dessin d’une main sur un cœur :
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