Aux Metz, 13 octobre 1835, 8 h. ¼ du matin [1]
Tu n’es pas venu, mon cher petit homme, quoique je t’aie bien attendu fort avant dans la nuit en souffrant d’entendre la pluie tombera comme si elle pouvait te mouiller. Je ne t’en veux pas, mon cher petit Toto, parce que je pense qu’il n’y a pas de ta faute et que tu auras bien fait tout ton possible pour venir auprès de ta pauvre petite Juju. J’espère que tu trouveras une voiture et que tu viendras nous prendre avant qu’il soit tard. Je ne sais vraiment pas ce que je deviendrais si je ne te voyais pas aujourd’hui. Je serais bien triste et bien malheureuse sans compter l’embarras dans lequel cela me jetterait, tout étant défait et emballéb.
Mon pauvre adoré, j’étais si gaie et si joyeuse hier au soir dans la presque certitude que tu allais venir, que j’étais fort triste et fort mouzonne le matin en me trouvant toute seule dans mon lit.
Il fait un temps affreux et tout à fait pareil à celui qu’il faisaitc quand nous sommes venus. On dirait la nuit, tant le ciel est sombre. Heureusement que tu arriverais bien couvert et bien chaudement jusqu’à la maison. Pourvu que tu viennes ! Je ne peux arracher cette crainte de mon esprit. C’est que ce serait vraiment affreux de me laisser toute seule ici.
Tu viendras, n’est-ce pas, tu viendras, n’importe comment ou tu ne m’aimes pas.
BnF, Mss, NAF 16324, f. 360-361
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « tombée ».
b) « emballer ».
c) « qui faisait ».