Guernesey, 20 février [18]70, dimanche, 8 h. ½
Je t’envoie mon plus tendre bonjour par la vieille Suzanne avec mission de s’informer de ta nuit et de te donner des nouvelles de la mienne qui a été excellente. En même temps elle te porte ton pèse-lettre au grand complet comme tu peux voir. Malheureusement pour moi l’heure de la messe l’emportant sur toute autre considération dans le bigotisme de ma servarde je n’aurai probablement de tes chères nouvelles qu’après son retour de l’église. Il faut que mon cœur ce matin cède le pas à l’oremus [1] ainsi l’a décidé la pieuse Suzarde. Pour m’en venger je viens de lire ta bonne, charmante et adorable lettre de recommandation à M. Templier pour mon neveu. Je me figure quelle va être sa surprise, son émotion, sa joie et sa reconnaissance en recevant cette marque suprême de ton adorable bonté. J’espère, qu’à défaut d’autre mérite, son admiration et son dévouement pour toi justifieronta pendant toute sa vie l’honneur que tu lui fais aujourd’hui [2]. Mon cœur se fait garant du sien en t’adorant.
BnF, Mss, NAF 16391, f. 51
Transcription de Jean-Christophe Héricher assisté de Florence Naugrette
a) « justifierons ».