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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 9 février [18]70, mercredi soir, 6 h.

Que tu es bon, doux et patient mon cher grand adoré, et que je suis grognonne, méchante et maussade. J’en ai le cœur gros et l’âme humiliée jusqu’à me détester autant que je t’aime. J’ai beau vouloir réagir contre mon mal hargneux et contre ma nature irasciblea je ne parviens qu’à être la plus désagréable des femmes, c’est décourageant. Ce soir pourtant j’ai un moment de répit qui me permet de reconnaître mes torts et ceux de ma vilaine goutte, je t’en demande pardon pour moi et pour elle et je te supplie de ne pas me prendre en grippe car malgré tout mes maux je t’adore de toute mon âme et puis n’es-tu pas le plus grand, le plus admiré, le plus vénéré de tous les hommes ? C’est un bon contrepoids à mes infirmités physiques et morales. Le succès de Lucrèce est une fameuse compensation aux bobos de mon âme [1], Juju.

BnF, Mss, NAF 16391, f. 40

Transcription de Jean-Christophe Héricher assisté de Florence Naugrette

a) « irrascible ».

Notes

[1Lucrèce Borgia, est reprise depuis le 2 février à la Porte-Saint-Martin.


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