Guernesey, 2 février [18]70, mercredi soir, 4 h.
Cher adoré, je ne peux pas détacher ma pensée de la représentation de ce soir qui sera digne, je l’espère, de la première [1]. C’est une bonne idée de l’avoir mise sous la protection toute puissance de l’anniversaire de ce prodigieux succès qui loin de diminuer à distance semble encore s’être augmenté de ta grandeur personnelle que nul ne pourra jamais dépasser. Je regrette bien que la timidité de mon neveu ne t’ait pas permis de lui donner une place pour ce soir, il en aurait été si fier et si heureux ; et moi si contente de fournir en mon nom au contingent de tes vaillants [2] un soldat dévoué de plus. Enfin ce sera pour la première nouvelle bataille que tu livreras soit au théâtre, soit dans la rue. En attendant je te remercie pour lui et pour moi de ta recommandation à Hachette [3]. Je ne peux pas t’aimer plus, je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16391, f. 34
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Transcription de Jean-Christophe Héricher assisté de Florence Naugrette