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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 22 janvier [18]70, samedi, 3 h. après midi

Tu sais mon cher bien-aimé, que je ne veux pas que tu suives mon mauvais exemple en ne dormant pas bien toutes les nuits. Je te le défends absolument quand je devrais pioncer jour et nuit comme une bûche pour te forcer à faire de même. En attendant que tu t’exécutes de bonne volonté j’ai lu pendant mon déjeuner l’admirable, admirable, admirable et généreux article de ton Charles. C’est beau et c’est bon comme lui, c’est tout dire. Au tour de ton petit Victor maintenant [1]. Lui aussi ne laisse rien à désirer comme talent, comme esprit et comme cœur dans tout ce qu’il écrit. Ce sont les deux héros parmi ce groupe de vaillants du Rappel et il semble en les lisant qu’on s’honore et qu’on se grandit soi-même. Tant pis si je dis mal ce que je sens si bien. Je les admire et je les aime. Je te bénis et je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16391, f. 23

Transcription de Jean-Christophe Héricher assisté de Florence Naugrette

Notes

[1Charles Hugo a publié dans Le Rappel du 16 janvier, en éditorial, sous le titre « Chronique révolutionnaire. Son Excellence le crime », un article dénonçant l’impunité de Pierre Bonaparte, cousin de l’empereur et assassin du journaliste Victor Noir. L’article place tout le Second Empire sous le spectre du Crime (dont le modèle matriciel est la répression des manifestations du 4 décembre 1851). Le lendemain, c’est au tour de François-Victor de publier dans le même journal, sous le titre « Anankè », un article rapprochant le geste criminel de Pierre Bonaparte et son impunité de crimes semblables dans la famille Bonaparte, depuis l’assassinat du duc d’Enghien jusqu’au procès de Louis Bonaparte en 1861. Le 20 janvier, dans un article qui n’est vraisemblablement pas encore parvenu à Juliette, sous le titre « Chronique révolutionnaire. L’Appel à l’émeute », Charles Hugo dénonce les provocations du gouvernement pour provoquer une émeute consécutive aux obsèques de Victor Noir, et, réagissant à la condamnation de Rochefort, demande aux députés parisiens une démission collective.

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