Guernesey, 2 avril [18]68, jeudi matin, 7 h.
Bonjour, mon cher bien-aimé, bonjour, je te souris et je te bénis aujourd’hui comme je t’ai béni hier, comme je te bénirai demain et jusqu’à mon dernier soupir. Que tu es bon de t’être prêté avec tant de grâce à la petite surprise de cette fête HORS DE TOUR. Désormais elle sera au nombre des plus charmantes et des plus religieuses pour moi à cause du tendre et gracieux souvenir que tu m’en as laissé dans cette belle fleur de camélia qui t’a appartenu quelques heures [1]. J’espère bien qu’il n’y aura jamais de douloureux malentendu pour cette douce relique comme pour la précédente aussi pure et aussi innocente que celle-ci, pourtant, mais qui n’a pas eu la chance d’être reconnue par toi. Cette fois elle aura son distique [2] comme certificat d’origine que tu ne pourras pas nier. En attendant que tu me le donnes, ce certificat en vers, j’ai mis ma chère petite fleur au frais pour la conserver plus longtemps. J’espère que ta nuit peut aller de pair avec la mienne qui a été excellente de tout point et que ton amour est à son poste comme le mien.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 94
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette