Guernesey, 20 décembre 1868, dimanche matin, 8 h. ½
Cher bien aimé, je m’empresse de te faire hommage de ma bonne, grande, longue nuit, trop heureuse que tu veuilles bien l’accepter et me donner la tienne en échange. Je suis en ce moment en proie au hourvaria [1] de mes servardes lesquelles, sous prétexte de messe, bousculent hebdomadairement toutes mes habitudes domestiques. Je m’y prête de bonne grâce puisque cela leur paraît utile et amusant. Je commence à m’inscrire d’avance pour ma bonne petite lettre d’étrenne et je compte même t’en faire une cloche d’ici-là pour que tu ne l’oublies pas [2]. Quant aux autres scies, je prendrai ton temps pour te les rappeler. Cependant je crois qu’il serait bien de ne pas tarder trop longtemps à répondre un mot de condoléancesa à ce brave Berru [3] qui t’aime autant qu’un homme peut aimer et admirer un homme GÉNIE. En attendant, je t’aime, je te souris et je t’adore de tout mon cœur.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 348
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « ourvari ».
b) « condoléance ».