Guernesey, 10 décembre 1868, jeudi matin, 7 h. ¾
Comment ta nuit, mon cher bien-aimé ? La mienne bonne. Je t’aime. Je vois avec joie que le temps est clair et bon pour tes chers yeux et que ta scrobeuse [1] pourra en profiter pour nettoyera ton plafond de verre aujourd’hui. Quel regret c’est pour moi de ne pouvoir pas diriger ta maison et t’épargner la peine de t’en occuper toi-même ! Avec quel bonheur je m’y emploierais jour et nuit ! Ce n’est probablement qu’une illusion de mon amour de croire que je pourrais t’être utile. Mais, vrai ou non, je n’en ai pas moins le désir ardent de te servir et le chagrin de ne le pouvoir pas. Heureusement pour toi, le besoin de ma mouche, de mon coche et de sa cinquième roue ne se fait nullement sentir. C’est ce qui me console un peu en m’humiliant beaucoup. Autre humiliation, il faudra que j’aie celle de t’importuner encore de la lecture de ces deux déplorables lettres [2] dont je t’ai parlé et que tu me dises dans quels termes je dois y répondre. Pas aujourd’hui car c’est jour de poste et d’épreuves sans compter tous tes autres chiens à fouetter. Enfin quand tu voudras et quand tu pourras. Je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 338
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « nétoyer ».