Bruxelles, 10 août [18]68, lundi matin, 7 h. ½
Bonjour, mon cher bien-aimé, que toutes les bénédictions de la terre et du ciel soient sur toi et sur ceux que tu aimes. J’ai passé une bonne nuit bien que je n’aie pas perdu un coup de tonnerre ni une goutte de pluie de l’orage de cette nuit. J’espère que de ton côté tu as très bien dormi. S’il en était autrement, j’y reprendrais ma bonne nuit et je te flanquerais en échange une grosse insomnie la nuit prochaine POUR T’APPRENDRE. En attendant, je suis décidée à ne pas me médicamenter à tort et à travers et à n’écouter que mon idiote sainte CRASSIE [1] laquelle en sait plus long dans son petit doigt que tous les savants en US les plus AUTORISÉS. L’important pour ma thérapeutique, c’est que vous m’aimiez de tout votre cœur comme je vous aime moi-même. Avec cela, je suis sûre de vivre autant que vous dans cette vie et dans l’autre. Si cette ORDONNANCE vous va, topez-là et laissez-moi faire, je m’en tirerai toujours très bien. Je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 219
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette