Bruxelles, 26 septembre 1868, samedi matin, 11 h.
Que devient ton rhume, mon doux grand bien-aimé ? Comment as-tu passé la nuit ? M’aimes-tu ? That is the questions [1] plus grosses les unes que les autres et dont je suis forcée d’attendre les réponses ou bien de les supposer selon les désirs et les besoin de mon cœur, ce que je vais faire en mon nom et comme si c’était vous qui m’interrogiez : mon rhume est guéri, j’ai passé une très bonne nuit et je t’adore. EST-CE CLAIR ? Je suis bien contente que ton fils Victor revienne aujourd’hui, bien que je doive perdre bientôt le bonheur de dîner avec toi tous les soirs, car il est probable que Charles le suivra de près. Mais ce que je perdrai de ma joie intime, tu le gagneras en bonheur familial et en sécurité aussi, ce qui fait que je me résigne à mon sort sans trop de peine. J’espère que tu trouveras le moyen d’empêcher le pauvre M. Rochefort de se battre avec le fils Baroche [2] qui ne mérite vraiment pas qu’un honnête homme risque sa vie pour les infamies de ces bonapartistes père et fils. Toi seul est assez puissant pour détourner ce danger de ce brave, courageux et généreux homme. Je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 267
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette