Guernesey, 8 février [18]68, samedi matin, 7 h. ½
Je dois croire que tu as passé une bonne nuit, mon cher adoré, puisque tu es déjà levé malgré le mauvais temps et l’obscurité d’un ciel regorgeant de pluie. Heureusement que tu as en toi la lumière des lumières, le génie, qui ne dépend d’aucun baromètre. Cela joint à un grand courage, à une grande conscience et à une merveilleuse santé, fait que tu travaillesa tous les jours avec une régularité admirable. Cela n’empêche pas que je ne sois fort penaude chaque fois qu’il m’arrive de manquer ton ENTRÉE. Ce matin encore je me suis cassé le nez sur ta serviette au lieu de te baiser des yeux comme je l’espérais. Mais sois tranquille, dès que le beau temps sera venu… je ne te dis que ça ! En attendant, j’ai vu les très beaux dessins de M. Chifflartb et je crois qu’il fera une très belle illustration des Travailleurs de la mer [1]. La question est qu’il s’y mette dare-darec et sans perdre de temps. Je t’aime.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 38
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « tu travaille ».
b) « Chifflard ».
c) « dardar ».