Guernesey, 2 février [18]68, dimanche, 8 h du m[atin]
J’ai tant et si bien dormi que j’en ai encore les yeux tout gonflés. Et toi, mon cher bien-aimé, es-tu content de ta nuit ? Depuis quand es-tu levé ? Voilà ce que ton SIGNAL ne me dit pas avec certitude. J’espère que tout est à souhait pour toi ce matin et, par conséquent, pour moi dont tu es la vie, la lumière et la joie. Tes comédiens EXTRAORDINAIRES vont avoir une bonne traversée ce matin. J’en suis bien contente pour eux et surtout pour la pauvre jeune femme grosse dont l’accouchement est imminent [1]. Je lui souhaite, à elle et à tous ses compagnons, bon voyage et bonne chance aujourd’hui et toujours. J’espère que je t’ai bien donné la réplique hier pour l’invitation de M. Chifflarta. En voilà un qui comprend et qui admire toutes tes aptitudes artistiques ! Depuis ton fils Victor, personne n’a mieux déchiffré et compris ce ravissant poème écrit par toi en hiéroglyphes de fleurs, d’oiseaux, de dragons et de chinois dans l’intérieur de ma chère petite maison [2]. Je lui sais gré de cela et je lui pardonne de s’appeler Chifflarta !
BnF, Mss, NAF 16389, f. 32
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « Chifflard ».