Paris, 29 avril 1881, vendredi matin, 7 h.
Je n’ose pas te féliciter de ta nuit parce que je crains qu’elle n’ait pas été suffisamment bonne pour cela. Mais j’espère, à en juger par l’entrain de ton somme ce matin, que tu compenseras, et au-delà, le déficit de cette nuit. La journée promet d’être belle, tâchons de notre côté de la faire bonne.
Je viens de lire le billet d’enterrement de Girardin [1] qui se fera demain samedi à dix heures trois quarts en l’Église de Saint-Pierre-de-Chaillot, sa paroisse. Cela devait être puisqu’il avait été préalablement muni des sacrements de l’église.
Il était de mon âge, 75 ans.
Je te fais penser que tu as un chèque de cent francs destiné par celui qui te l’envoie d’Amérique pour la souscription qu’il te prie d’ouvrir à Paris en faveur de la Veuve de John Brown. Il y a déjà de cela huit jours. Quel quea soit le parti que tu comptes prendre dans cette circonstance, il est urgent, ce me semble, que tu le prennesa tout de suite.
Cher bien-aimé, je serais bien heureuse si tu pouvais avoir une bonne journée, sans mal de tête, aujourd’hui.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16402, f. 94
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette
a) « quelque ».
b) « prenne ».