26 avril 1881

Paris, 26 avril 1881, mardi matin, 7 h. ¾

Cher bien-aimé, combien il me serait doux en ce moment de savoir au vrai si ta nuit a été parfaitement bonne. Je n’ose pas avoir d’opinion sur elle ayant dormi comme une brute presque tout le temps. À défaut de renseignement, je tâche de prendre mon désir comme un fait jusqu’à ce que je sache de toi-même si tu es satisfait de ta nuit. En attendant je viens de lire la réponse de Saint-Victor qui me dit qu’il a reçu ma lettre trop tard hier pour venir et qu’il est pris ce soir par une invitation antérieure dont il ne peut pas se dégager. Il viendra demain, mercredi, prendre connaissance de la communication que tu as à lui faire, heureux, dit-il, d’avoir cette occasion de te voir plus tôt qu’il ne l’espérait. Tu verras cette lettre et tu reconnaîtras combien j’ai été réservée à propos de la chose qui t’occupe^a.
Je pense que notre cher Paul Meurice viendra dans la journée t’apporter ton manuscrit [1]. Il me semble bien qu’il te l’a dit l’autre soir. Puisse-t-il venir assez tôt pour nous permettre de faire une promenade un peu plus longue et dans de meilleures conditions que celle d’hier. Avant de me fourrer dans le bain qu’on me prépare en ce moment, je te baise de la tête aux pieds et de tout mon cœur.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16402, f. 91
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette

a) « occupes ».