19 avril 1881

Paris, 19 avril 1881, mardi matin, 7 h. ½

Quel bonheur, mon pauvre grand bien-aimé, que tu aies eu une bonne nuit ! Cela m’a été d’autant plus sensible que je redoutais le contraire d’après l’état de fatigue douloureuse où tu te trouvais hier soir. Grâce à Dieu mes craintes se sont changées en joie, quel bonheur ! quel bonheur ! quel bonheur !
Malgré cet heureux résultat, presque inattendu, je ne te conseille pas d’en risquer un autre d’après le même procédé parce qu’il pourrait ne pas réussir une seconde fois. Tu feras même très sagement d’éviter à l’avenir de t’éreinter comme tu l’as fait hier à la recherche de tes manuscrits en te faisant aider, au moins pour l’ouverture des malles et le rangement des paquets, soit par Meurice quand il est là, soit par Lesclide, soit par Virginie et même par moi pour si peu d’aide que je sois maintenant. Enfin tout vaut mieux que l’affreux exercice auquel tu t’es si imprudemment livré hier pendant si longtemps^a. Je parle d’or, à toi d’en faire un peu ton profit. Je t’adore.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16402, f. 84
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette