Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1881 > Avril > 11

Paris, 11 avril 1881, lundi matin, 7 h.

Cher bien-aimé, je pensais te faire une scie de mon soixante-quinzième anniversaire pour en rire un peu avec toi ; mais l’indisposition de ton pauvre Petit Georges [1] ne prête pas à cette jocosité de circonstance, aussi je reste dans le sérieux de mon amour et de mon âge et je te prie d’accepter avec indulgence et tendresse l’abondante restitus que je te donne aujourd’hui au nom de mes trop nombreuses années.
Autrefois j’avais droit, en échange de mon gribouillis annuel, à un bon petit mot bien tendre de toi mais aujourd’hui je n’ose pas te le demander pour ne pas ajouter à la fatigue de ta grippe celle de m’écrire. Cette fois encore, mon amour prime mon égoïsme et je renonce à ma redevance légitime dans l’intérêt de ta santé. À propos d’intérêt, je te montrerai, écrit de ta main l’année dernière, ce que tu m’as donné en cadeau à cette même date, 10 avril ; je ne te le demande pas pour peu que cela n’entre pas dans tes calculs budgétaires. Que tu m’aimes, je ne demande que ça.
Cela me fait penser que tu dois aller chez Rothschild, du moins tu l’as dit devant moi le jour où Paul Meurice t’a apporté une somme, et je t’en fais souvenir. Je te fais souvenir, aussi, qu’il y a séance publique au Sénat à deux heures aujourd’hui, que le temps est particulièrement beau et doux ce matin et que tu feras bien d’en profiter s’il ne change pas d’ici à tantôt. En attendant que tu en décidesa, je mouche mon rhume avec rage et je t’adore de même.
Je viens d’apprendre que la nuit du pauvre Petit Georges a été moins mauvaise qu’on le craignait. Sa mère a passé toute la nuit auprès de lui et vient d’aller se coucher, m’a-t-on dit. J’espère qu’à son réveil elle le trouvera tout à fait mieux. Je te souris et je te bénis ainsi que lui et tous ceux que tu aimes.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16402, f. 75-76
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette

a) « décide ».

Notes

[1Georges est souffrant. C’est ce qu’indique la lettre du 9 avril.

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne