Paris, mercredi 7 septembre 1881, 2 h.
Cher bien-aimé, j’arrive un peu tard à mes fins ; mais mieux vaut tard que jamais pour dire : je t’aime. Et c’est ce que je fais en ce moment. Je n’avais pas voulu laisser tes deux enfants déjeuner seuls, voilà pourquoi je suis descendue avant de t’avoir écrit.
Je ne pense pas que les Dorian viennent nous chercher tantôt à cause du temps incertain qu’il fait ; mais rien ne nous empêche de prendre nous-mêmes une voiture pendant une heure ou deux. Pour moi, je me tiens prête à tout événement pour l’un ou l’autre cas. Entre-temps, je te fais penser à écrire à Mme Chenay. La pauvre femme doit être très impatiente de connaître si tu approuves, oui ou non, son projet de villégiature chez Mme La Roncière [1]. En même temps pense à ton cadeau de noce, lequel doit arriver très tôt, dans une dizaine de jours environ. Pour moi, je t’adore à sec de toile [2] et je n’en suis pas moins fière pour cela.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16402, f. 202
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette