Paris, 27 juin 1881, lundi matin, 8 h.
Il paraît, mon cher bien-aimé, que tu t’es levé pour fermer ta fenêtre que j’avais ouverte pour une heure comme nous en étions convenus pour tous les matins. Tu as bien fait si tu as senti que la fraîcheur t’était désagréable. Tu dormais quand je t’ai vu d’un sommeil profond qui m’a fait plaisir. J’espère que toute ta journée se ressentira de ce bon sommeil réparateur et que tu pourras t’occuper de la recherche du manuscrit de l’acte inédit de Lucrèce Borgia [1] que Paul Meurice attend et qu’il m’a bien recommandé de rappeler à ton souvenir.
Autre memento : le Sénat, séance publique à deux heures aujourd’hui. À ce propos, Deschanela m’a écrit pour te prier de lui permettre de venir te remercier de l’appui que tu lui as donné pour le Sénat [2] et il te demande la permission de venir dîner avec sa femme mercredi après demain. Mme Gagneur, invitée pour le même jour, sera très heureuse et très honorée de te présenter ses hommages. Moi qui ai ce bonheur tous les jours, je n’en suis pas moins fière et moins reconnaissante qu’elle.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16402, f. 141
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette
a) « Déchanel ».