Paris, 29 mars [1881], mardi, midi ½
Cher bien-aimé, sans être suffisamment tranquille sur ton indisposition, je suis cependant un peu plus contente de ta santé aujourd’hui. J’espère qu’avec du repos et quelques précautions, tu seras tout à fait guéri d’ici à deux ou trois jours. En attendant tu feras bien de te tenir clos et couvert comme on dit en style de propriétaire, pour mûrir au plus vite cette vilaine grippe inattenduea autant qu’importune. Si tu le veux, même, nous utiliserons cette claustration forcée par un fort dépouillement des lettres d’hier et d’aujourd’hui dont plusieurs intéressantes au premier chef. De même pour les journaux dont quelques uns contiennent des articles à tout crin et à tout cœur sur toi. Puis nous pourrons boucler toute cette aimable féerie par une petite promenade en voiture.
Reprise 1h. ¾
Entre-temps, j’ai déjeuné avec M. et Mme Lockroy, seuls, les enfants n’étant pas sortisb de leur pension aujourd’hui. Je te remettrai, pour l’apostiller, de la part de M. Lockroy, une demande de secours pour ton premier Gilbert de Marie Tudor, Lafosse [1], octogénaire maintenant et nécessiteux. Puis enfin, mon adoré bien-aimé, je m’appliquerai à te servir et te complaire en tout, à te sourire et à te bénir.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16402, f. 65
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette
a) « innatendue ».
b) « sorti ».