Paris, 24 février 1881, jeudi midi
Comme toi, mon cher grand adoré, j’ai passé une très bonne nuit, ce qui m’a permis de me lever une heure plus tôt et déblayer ta grosse, grosse correspondance presque toute consacrée à ta fête [1], c’est à dire à ta gloire. Entre-temps Catulle Mendès et ses ingénieurs, probablement, sont arrivés en trois voituresa en face de ta maison de l’autre côté de l’avenue et y sont restés en pourparlers pendant plus d’une heure. D’autre part, le bon Lesclide est venu, envoyé par Paul Meurice, savoir en quoi il pouvait t’être utile immédiatement. Ce bon être, je parle de Lesclide, se met entièrement à ta disposition pour tout, même jusqu’à renoncer à la première de Lucrèce Borgia [2] si ton service a besoin de ce sacrifice. Tout le monde, au reste, se dévoue de la façon la plus aimable et la plus touchante pour le bien rendu et le succès de ta fête tout en ménageant autant que possible ta chère et précieuse santé. Moi je fais force de voile et de ramesb pour t’épargner tous les soucis et toutes les fatigues du glorieux remue-ménage qui se fait autour de toi et je t’adore à genoux.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16402, f. 40
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette
a) « voiture ».
b) « rame ».